mercredi 1 mai 2024

fête du travail. youpi

Aujourd'hui, réveil mauvais, pas assez dormi, impossible de trouver le sommeil avant 4h. Accablé par le poids de l'année passée, sans doute, enfin entre autres, enfin bref.
Cela fera bientôt un an que j'ai été licencié. Viré d'un boulot qui n'avait aucun sens, pour lequel personne ne sait pourquoi ils m'avaient recruté, pas même eux, eux qui m'avaient expliqué ne pas savoir d'où venait mon cv, boulot pour lequel je n'avais jamais postulé. Ma vie ne manque pas d'ironie.

Un appel de nulle part au sortir du confinement en 2021.
"Bonjour, j'ai vu votre profil..." dit-elle. Allons donc, mais d'où sort cette voix, je n'ai pourtant postulé nulle part.
Pendant la communication, j'ai mon cv en angalis face à moi. Ce jour là, cela fait des mois que je ne pense plus qu'à une pense, c'est partir. Je ne rêve que de retourner en irlande du nord. Là bas j'avais l'impression de pouvoir vivre
La voix au téléphone m'explique qu'elle est RH pour une boîte de BTP du lot et garonne et qu'ils sont à la recherche de leur responsable "de cellule accompagnement client". Je suis à une heure de route, je n'ai jamais travaillé dans le BTP de ma vie. Mais à quelle version de moi cette voix espére-t-elle parler ? Mais de quelle diable de base de données sort cette plaisanterie peut elle donc sortir ? les mois qui ont suivi m'ont appris que la RH ne le savait pas non plus et qu'elle appelait au hasard comme un demarcheur en télémarketing aurait pu prendre le botin il y a 20 ans.
J'ai été faible.
On m'a servi sur un plateau la réponse à mon équation gordienne favortie de ces dernières années, soit peu ou prou "comment capitaliser sur toute ces expériences, en milieu hostile, de service client sans recommencer une nouvelle fois à faire n'importe quoi avec n'importe qui". Quelques semaines plus tard, me voilà cadre d'un service après-vente à écouter vociférer toute la sainte journée des clients, professionnels et de la profession, d'une mauvaise foi crasse, dont ce n'est jamais la faute, qui vous expliquent par le menu qu'ils ne sont pas plus du métier que vous, mais que le problème vient forcément de vos produits.

Je n'ai pas eu ne serait-ce que deux jours d'affilée pour me former, au bout de trois jours que je venais d'arriver, l'équipe prenait feu avec des incidents repétés sur des commandes pour un des dix plus gros clients de la boîte. Un de ces energumènes odieux et peu recommandables qui ne sais pas s'exprimer autrement qu'avec des insultes et des invectives, et qui rend responsable la terre entière de sa propre dégringolade financière. La routine. Moi, les fenêtres, je n'y connait cure, je ne connais même pas les noms de mes collègues, mais cela n'empêche pas de faire tampon. De toute façon c'était ça ou partir en courant. C'es là là que j'ai été con, je suis resté et j'ai encaissé. Ce même client m'a appelé la veille de Noêl pour m'insulter, tout incapable qu'il était de reconnaître que ses équipes n'étaient pas ni compétences ni professionnelles (photos à l'appui, c'était incroyable). J'ai pris sur moi. Cela a fini de dessiner les contours de ce poste. Encaisser. Encaisser le fait de ne jamais avoir été formé aux techinques de poses pour lesquelles on me demandera d'arbitrer entre défaut technique et défaut de mise oeuvre et défaut du produit pendant dix-huit mois. Encaisse les regards en coins, les attitudes de mufles, les ponce pilate et autres savonneurs de planches. Pendant dix huit mois j'ai agité les bras dans le vide et tenté, en vain, d'organsier un service dont personne ne voulait. Dix-huit mois à poser les questions qui dérangent, à ramasser la merde laissée par les autres. Dix-huit mois avec des outils indapatés au moins autant que les attitudes. Encaisser donc, et nettoyer les merdes crées par des dossiers en attente depuis deux ans, bien cachés sous les piles de dossiers que tout le monde avait, comme par magie, oublié. Mais mon préddecesseur était une conne. Ça, je l'ai entendu à longeur de journées, à quel point tout était de sa faute. Je suis quand même resté.
Et j'ai quand même été assez con pour déménager. Mon cerveau s'est dit, "le sydrôme de stockholm ? mais c'est super ça, fonce!" et me voilà parti sur le bon coin à chercher un logement plus proche de mon lieu de travail. Résultat des courses, j'ai pris ce que j'ai trouvé, soit un appartement trop grand pour moi, absolument pas isolé, avec des voisins du dessous qui semblent faire commerce d'huile frite, mais alors très, très frite. Et croyez moi, les odeurs d'huile brpûlée au point qu'aucun aliment accepte de s'y laisser cuire sans devenir cancérogène, c'est un délice quotidien pour les nasaux. Il offre aussi l'avantage d'imprégner les murs, pour plus de piquant. Transformer le sacerdoce en prison, à ce niveau c'est une seconde nature.

J'ai passé beaucoup, beaucoup de temps à réfléchir à comment je pouvais résoudre cette équation, des années qu'elle m'obsède. Pas celle de la friture, ça j'ai laissé tomber, mais celle de valoriser mon expérience accumulée, d'en "faire quelque chose". J'ai perdu beaucoup d'années à végéter en espérant que la solution viendrait, que l'offre d'emploi idéale existait, que ça pouvait marcher. J'ai été faible. J'ai accepté ce boulot alors qu'au fond de moi, je savais qu'il y avait de grandes chances que ça ne marche pas. On ne pas s'en vouloir d'essayer m'a ton expliquer. Ma psys, ma cousine, mes amis, tout le monde semble d'accord. Au fond, quand je me parle, sans détour, sans vernis social, je sais que c'était une nouvelle forme de fuite. Qu'est ce que j'avais besoin d'aller accepter un boulot dans le bâtiment, sans blague. J'en suis de bâtiment, cela ne suffit-il donc pas ? Quand je vous dis que ma vie ne manque pas d'ironie
J'ai tenu dix-huit mois. A la louche, c'est cinq cent quarante jours en absurdie, à faire contre mauvaise fortune ce que je peux, à donner tout ce que je peux comme outil à mon équipe pour les faire tenir debout dans ce monde de butor qu'est le btp. cinq cent quarente jours sans congés, loins de mes amis, isolé dans une ville de campagne moribonde, enfermé dans une cage rouillée birn trop grande pour moi dans laqeulle je ne recevrais finalement personne. L'année dernière, j'ai appelé mon médecin au secours. Ma tension était bien trop haute pour mon coeur rafistolé, j'étais sur les rotules. C'était le jour de la saint valentin. Burnout. Cinq mois plus tard je recevais ma lettre d'entretien préalable au licenciement. J'ai été licencié sur des motifs mensongers un mois plus tards. Mon avocate m'a expliqué par le menu que si je voulais m'engager dans un procédure aux prud'hommes, cela me couterait plus de temps que d'argent et que, étant donné ma faible ancienneté, je n'avais pas grand chose à espérer. De quoi payer les frais et récupérer un mois de salaire. Je n'allais passer six mois à suporter l'hypcrosie et les mensonges de mon ex-employeur, psycholigquement c'était bien au dessus de mes forces.

Le 1er mai c'est le premier jour du mois de mon anniversaire. Cette année, j'ai quarante quatre ans. Le travail, toute ma vie ça a été une lutte. Une lutte à cause des incidents cardiaques, une lutte à cause de ma trop grande bouche indomptable qui n'a jamais su se retenir d'aboyer face aux injustices et aux basseses des petits chefs. Une lutte parce que j'ai toujours attendu, comme avec ma famille, que la solution vienne du problème.
Pour le moment je suis toujours en sommeil, enfermé dans ma grande cage rouillée et impossible à chauffer. Je suis à tourner en rond dans ma cage, jonglant d'un écran à l'autre pour éviter de trop réfélchir, trop angoisser, trop me culpabiliser.
J'écris parce que sinon j'étouffe, parce que parfois je crois me regarder mourir à petit feu, un jour après l'autre, encore abasourdi de tout ce que j'ai traversé. J'écris dans un soubresaut, quand je sens que le noeud est trop serré, c'est comme un sursaut de vitalité, comme un spasme. Quand je regarde au plus profond, je vois le noeud. Personne d'autre que moi ne le tient si serré, personne d'autre que moi ne peut le défaire. Je crois que c'est ce que j'ai besoin d'éprouver quand j'écris. C'est ma respiration. Une à la fois.
Je vais refaire du café.

fête du travail. youpi

Aujourd'hui, réveil mauvais, pas assez dormi, impossible de trouver le sommeil avant 4h. Accablé par le poids de l'année passée, s...